La chapelle dont l’abside autrefois peinte en blanc servait d’amer pour les marins et les pêcheurs, se dresse sur les rochers, tout près de la jetée qui protège l’entrée du port. Elle occupe aussi une place privilégiée dans le cœur des Saint-Vaastais.

Historique

Cette chapelle peu ordinaire correspond au chœur et à l’abside semi-circulaire de l’ancienne église paroissiale de Saint-Vaast, certainement édifiés au XIe siècle ainsi que l’indique leur architecture.
En effet, les modillons – petites consoles sculptées destinées à soutenir la corniche – sont typiques de l’art roman.

Ils adoptent une forme géométrique, animale ou humaine. De même, les corbeilles des chapiteaux présentent des thèmes caractéristiques des édifices romans du Cotentin : animal « à une tête-deux corps » ou entrelacs.

Les autres parties de l’église avaient été ajoutées au fil des siècles, de façon assez disparate.
Ainsi, en 1730, on édifie du côté sud, une tour carrée coiffée d’une modeste flèche pour faire office de clocher.

En 1752, l’église étant devenue trop exigüe, un projet d’allongement de la nef est présenté au roi, mais il n’est réalisé que cinquante ans plus tard, sous le 1er Empire.

Un cimetière marin occupait l’enclos paroissial ; partiellement saccagé pendant la Révolution, il est abandonné en 1805.

Malgré les aménagements successifs, l’église est de moins en moins adaptée à la croissance de la population si bien que la construction d’un lieu de culte plus vaste et mieux placé est envisagée dès 1830. C’est alors que commence à se poser la question du devenir de l’ancienne église. Les idées ne manquent pas : lors de la séance du conseil municipal du 26 novembre 1837, est émise la proposition de la transformer, une fois la nouvelle église construite, en entrepôt général pour les sels ! Le problème se pose avec plus d’acuité dès l’édification du nouveau lieu de culte, en 1861. Ainsi, le 12 mai 1862, la municipalité constate que « l’état de dégradation où se trouve l’ancienne église a considérablement augmenté depuis que le culte ne s’y célèbre plus… ».

Il est alors décidé de « conserver le chœur qui est un spécimen de style roman… [afin] qu’il soit transformé en chapelle dédiée à la Vierge… » et de vendre aux enchères « la vieille église moins le chœur pour être ensuite démolie ».

Le conseil s’engage alors à utiliser le montant de la vente pour restaurer le chœur.

Dédiée à Notre Dame Auxiliatrice, vierge secourable, la chapelle est bénie le 28 août 1864 par l’évêque de Coutances et d’Avranches, Mgr Bravard, dont les armoiries et la devise « discipulus quem diligebat Jesus » figurent au-dessus du porche.

Le souvenir des péris en mer

La pureté de l’architecture et la sobriété du décor de la chapelle incitent au recueillement.

Au fond de l’abside, une niche abrite Notre Dame Auxiliatrice et de chaque côté du chœur, deux statues de Saint-Vaast, patron de la paroisse, rappellent la dédicace de l’église primitive. Les vitraux créés par l’artiste Jupille invitent à la méditation, mais le regard est surtout attiré par les nombreuses plaques qui recouvrent les murs.

Ce ne sont pas des ex-voto, mais des plaques du souvenir.

En effet, depuis un demi-siècle la Chapelle est plus particulièrement vouée aux marins péris en mer, offrant ainsi un lieu de recueillement aux familles des disparus dont le souvenir est commémoré par ces plaques de marbre. La plus ancienne évoque la disparition des huit membres d’équipage de « l’Edwige » en 1960.

D’autre part, la Chapelle des Marins est étroitement associée à deux rites pratiqués dans le but d’assurer le repos de l’âme des péris en mer : la messe des Péris en mer, chaque année en février, et la Bénédiction de la mer célébrée tous les dix ans.

Lieu d’Histoire et de Mémoire, la Chapelle est ainsi indissociable de la vie paroissiale.